L´Homme-Oiseau

En promeneur un jour de trève, j´arrive au sommet du Salève
Et pas moyen d´aller plus haut, mais l´homme oiseau
Là devant moi, comme dans un rêve, déplie sa grand-voile et s´élève
Mouchoir blanc sur le bleu profond de l´horizon

Et là, au milieu de l´espace, il n´y a que lui et les rapaces
À planer just´au ras du ciel, sans même bouger le bout d´une aile

Ils sont bientôt plus de cinquante à tournoyer dans la tourmente
Après l´été, voilà l´automne, moi je m´étonne
Vont-ils avec les migrateurs partir ce soir pour l´équateur
Passer l´hiver sous les palmiers, se prélasser

Qui aurait pu imaginer il y a seulement quelques années
Un homme vous dire sans plaisanter ´à toute à l´heure, je pars voler´

De cette race homo-animale, je ne vois voler que les mâles
La femelle est sans doute au nid pour ses petits
Et le mari s´en va là-bas chercher de quoi faire un repas
Deux-trois brins d´herbe, une souris, ou quelque fruit

Mais j´ai beau me crever les yeux, aucun d´eux, qu´il soit jeune ou vieux
N´a dans son bec de nourriture, de quoi vit sa progéniture

Je suis assis bien à mon aise, à quelques pas de la falaise
Cherchant, dans les brumes de la ville, mon domicile
Mais d´ici les toits sont pareils, des tuiles éclairées de soleil
Et parfois lavées par la pluie, quel joli bruit

Derrière ces murs aux cent fenêtres, aucun moyen de reconnaître
La pièce où l´on va rire et boire, l´homme-oiseau vient manger ce soir